Les mercenaires. L’on pourrait penser à tort que tous ne sont qu’un ramassis de brigands, de voyous, de viles canailles ou de simples brutes. Et cette pensée faussée pourrait être justifiée sans mal, compte tenu de la fréquence de sa véracité. Mais, un contre-exemple suffit à démontrer qu’une règle est fausse, et une récente compagnie de mercenaires, dénommée “Le Talion” vint jouer ce rôle à merveilles dans un secteur où trop de bandits florissaient.

   C’est donc dans ce contexte que cette-même compagnie eu l’extrême délicatesse et politesse d’organiser une cérémonie d’ouverture, où nombre de convives étaient appelés à participer. Une formalité dont beaucoup d’autres auraient pu se passer sans regret, mais qui semblait tenir à cœur à ces mercenaires-ci. L’Ost étant invité, ainsi que votre fidèle auteur, a bien évidemment répondu présent. Dépoussiérant mon gnomographe (quand adopterons-nous le label d’appareil photo ? Je suis sûr que ça pourrait faire un carton mais personne ne m’écoute !), remontant mes bretelles et réajustant mes lunettes, je suis donc partie en quête de retracer au mieux cette soirée.

   Sans plus attendre, c’est avec joie que je vous propose :

   Comme toujours ne puis-je que vous proposer de vous installer dans un siège des meilleures factures, muni d’un bon café et d’un feu de cheminée, afin de revivre, ou de vivre, cette cérémonie. Et maintenant, place à la lecture, que je vous souhaite forte agréable.

   L’heure du départ pour la capitale est arrivée ! Les costumes enfilés, les cadeaux emballés, les chromes lustrés et les montures sellées, tout semble se dérouler pour le mieux ! A ceci près que tous les convives de l’Ost ne sont pas encore présents… Papotant de tout et de rien, nous attendîmes donc que les retardataires daignent ramener leurs séants afin de nous mettre en route.

   Sir Akéllios ouvrant la marche, certains se mirent en tête de critiquer ma magnifique mécanique. Jaloux, ils n’ont rien trouvé de mieux pour se venger de ma coiffure. La traversée d’Elwynn se fit sans encombre, malgré le passage mouvementé de Comté de l’Or, mais cela, nous nous y attendîmes.

   Quelques passan…animaux errants écrasés plus loin, nous arrivâmes enfin au-devant du lieudit. Après nous être débarrassés de nos montures, on m’ordonna de me rendre au fond de la ruelle du “Coupe-gorge”, connu pour son immaculé criminalité, seul, afin de nous annoncer.

   Note : Je soupçonne d’ailleurs aujourd’hui une tentative de faire disparaitre ma pauvre personne.

   Sir Tiriel Nearemion, Capitaine du Talion, m’accueillit fort gentiment et décida même de m’accompagner afin de saluer l’Ost Pourpre personnellement. Un vrai gentilhomme. Annonce faite, alors que j’allais innocemment donner mon présent, à savoir une boite de strudels préparés avec amour, je me fis dépasser par la Chambellan. <Bouillant de rage, que dis-je, de colère, j’eus la chance d’entrapercevoir arriver sir Fusil-de-Bronze, parfaitement chapeauté, mais inexorablement dénudé de ses mythiques lunettes, je décidai donc d’être solidaire de son chapeau.

 

   Fait notable : la pègre Hurleventine était de la partie. Notons le regard suspicieux d’un Celelad aux aguets, contre l’air apeuré de sir Fusil-de-Bronze, ayant omis ses lunettes et désormais aux prises avec les plus grands gangsters des Royaumes de l’Est.

   Cela se terminera d’ailleurs dans un bain de sang, puisque sir Fusil-de-Bronze décèdera d’un arrêt cardiaque inexpliqué (version officielle). Tout ceci relève bien évidemment de la fiction. Quoique des idées pourraient germées de cette histoire… Vint ensuite le moment fort de la soirée : sir Tiriel fit mander tous les invités en dehors du bâtiment de la soirée, afin de prononcer un discours fort émouvant sur son ordre et ses engagements. A l’instar de ses officiers et membres qui suivirent sur un ton tout aussi solennel. Notons que le capitaine du Talion prit même la peine de prendre la pose pour le livre !

 

   Et la fête put commencer dans la bière et la bonne humeur ! Très vite cependant, des tensions entre des trafiquants et des fanatiques, d’un côté, et des démonistes hérétiques de l’autre, apparurent. Contre toute attente, ce furent ces-mêmes démonistes qui calmèrent le jeu en expliquant qu’il était impensable de se battre dans un tel contexte.

   La fête reprit de plus belle. Buvant, chantant, sautant des toits même (parfois avec plus de réussite que d’autre), l’arrivée d’un homme, caché entre deux caisses, fut l’objet d’un intérêt quasi-général par l’assemblée, tant que deux worgens dont nous tairons les noms, occupés à se fricoter, furent grandement intrigués. Ledit homme fut mené à l’intérieur pour décuver, il ne semblait vraiment pas frais.

   Fait notable : l’apparition d’un sombre “ninja” dans le fond de la pièce (quel nom stupide). Décidément, des bien sordides affaires se trament, dans les environs.

   A noter qu’il y eut juste après le discours un banquet tout bonnement fabuleux. Mais pourquoi aucune image, crieriez-vous au scandale ? Et bien pour une raison très simple. Je n’ai que deux bras (et une barbe), et un repas de cette envergure, ça se savoure. Sir Celelad épata la galerie lorsqu’il dégaina un arsenal d’appareil de lancement de fusée explosive à caractère divertissante (nom officiel).

   Et je dois avouer que le caractère divertissant fut prononcé, tant même que la Connétable et la Chambellan s’y essayèrent. Pour ma part, je n’y vis là qu’un autre moyen que de vils comploteurs mirent en place afin de bruler ma chevelure ou pire, ma barbe. En arrière donc, je ne me retins pas pour autant de profiter de ce spectacle, car, grand bien nous en fasse, ce fut tout de même magnifique. Même si une plainte d’un chevaucheur de griffon de la capitale ayant reçu de la poudre incandescente en plein vol apparut au frais du contribuable, le lendemain.

 

   Retournant fouiner à l’intérieur, les yeux encore rêveurs du spectacle de couleurs passé, je repartis donc en quête d’images croustillantes. Et l’histoire m’en donna raison, de surcroit ! En effet, alors que je me dirigeais vers d’exquis petits plats encore intacts, un certain Kulwch, du Talion, fit, à l’instar de son capitaine, mander notre attention.

   Nous emmenant dans la ruelle, il escalada une pile de caisse afin de scander une prose des plus pertinentes envers son ordre. Triomphe lui fut fait, et des fusées persistantes furent envoyées en son honneur illuminer le ciel. Voici déjà arrivée la fin de soirée. Nombre de mes compagnons d’ordre eurent rendu les armes. Je fis honneur à nos hôtes en restant le plus tard que je puis me permettre, et je pus ainsi constater l’arrivée courtoise de certaines personnes, notamment de la Ligue des Marchands, venues transmettre leurs amitiés, mais également d’autres têtes m’étant totalement inconnues. La fatigue se jouant de moi, je décidai finalement de capituler. Toujours dans une délicieuse politesse, le Talion me salua et me souhaita de faire bonne route.

 

   Note de l’auteur : Comme à mon habitude, je me permets de glisser un petit mot à mes fidèles lecteurs, que je remercie d’ailleurs de savourer mes ouvrages.

   Je rédige ce livre en l’honneur du Talion, ordre auquel je souhaite paix et prospérité, et que je remercie sincèrement pour la soirée qu’il nous donna d’apprécier. C’est déjà la fin de ce tardif huitième opus de la série des Livres de Souvenirs, et, comme toujours, j’espère que la lecture vous fut plaisante.

   Ragthar Martel-de-Givre