Alors que les tâches et travaux se faisaient lourds au bastion, alors que les pauvres et innocents membres de l’Ost croulaient sous les ordres incessants des hautes-instances, que les bras flanchaient, les esprits fléchissaient et les cheveux se décoiffaient, un miracle se fit entendre. Les cloches sonnèrent ! Ce qui signifiaient le commencement d’un évènement que tous attendaient avec grand hâte : les vacances organisées par le Capitaine Lamérable !

   Tels des enfants au sortir des écoles, nous nous ruâmes tous en direction des portes du Bastion, direction le désert de Tanaris, pour se rendre dans un lieu seulement connu du Capitaine. Et encore une fois, le concept de “tenue estivale” n’était pas des plus limpides pour tout le monde. En revanche, tout le monde avait pensé à prendre de quoi nager, manger, bronzer, dormir, chanter.

   Quoi de mieux pour accompagner votre café au coin du feu qu’un livre des souvenirs sur un sujet de pure détente, je vous le demande ? Alors installez-vous bien, car sans plus attendre, voici :

   Le livre des Souvenirs, dixième du nom ! Préparez les tenues de plage et venez vous baigner dans une soirée de détente magistrale. Bonne lecture.

   Arrivant quelque peu en avance, je décide de mon plein gré d’aller me faire dorer le cuir (que certaines mauvais fois qualifieront de Sombrefer) sur un château d’eau. Cette décision découle certainement du fait que, ayant mis feu à une cuisine gobeline en allumant ma fusée par le passé, ces bougres ne m’apprécient guère plus qu’une crotte d’elekk sur un strudel.

   Rejoints plus tard par l’Écuyer Akéllios, dont les yeux plus aguerris que ceux des petites choses vertes ont permis de me repérer, nous attendîmes donc l’arrivée du reste des invités. Et ceux-ci ne se firent pas attendre, le Capitaine, déjà présent à mon arrivée et nous ignorant royalement (ou ne désirant pas nous rejoindre sur notre perchoir), se dirigea vers ce qui semblait être une auberge. Puis vint le Lieutenant de l’Aubegarde, qui, lui, ne résista pas à la tentation de nous rejoindre. Bravant les émanations de vapeur, qui lui valurent quelques chutes, il parvint néanmoins à nous rejoindre. Nous décidâmes finalement de patienter sur la terre ferme, à l’entrée de la ville gobeline.

   Finalement rejoint par tous les invités, notamment par les hautes-instances retardataires, le convoi pu se diriger vers l’endroit… secret.

   Même sur ma fusée, pourtant jugée comme étant le nec plus ultra de la sécurité aérienne, les accidents peuvent arriver. Ce fut la deuxième chute pour sir Fusil-de-Bronze, qui pourtant, survécu. Nous remettant en route, ou devrais-je dire, en vol, nous poursuivons le trajet, sous la direction du Capitaine.

   Nous arrivâmes finalement dans une station balnéaire “luxueuse” cachée dans les montagnes de Féralas, et construite à même une source chaude, dans laquelle nous ne manquâmes pas d’aller nous baigner. Les festivités commencèrent !

 

 

    Le Capitaine mis en place un “Barbecue” sorti d’on ne sait où, mais qui se révéla fort gouteux, puis d’autres sortirent des paniers à pique-nique et des grillades. Malheureusement, j’avais oublié le fromage. Très vite, nos possessions en archidiacre firent des jaloux, et un gobelin s’essaya même à venir nous subtiliser nos biens. Pour son plus grand malheur, l’Inquisiteur Hazim, le lieutenant Fusil-de-Bronze et mon auguste personne lui apprirent la façon adéquate de se comporter en société.

   Fait notable : les équipements de plongée sont apparemment sujet à discussions, paraitrait-il qu’ils effraient certaines âmes sensibles. On remarquera que sir Dourantée protégea l’apeuré sir Fusil-de-Bronze de son corps d’airain.

   Je partis donc en exploration de la faune et la flore inexistante des sources chaudes, tandis que d’autres partirent dans un “spa”, soi-disant un bidule faisant de la vapeur, bien que je continue d’affirmer qu’il s’agisse d’une société protégeant les petits lapinoux. Une fois sec, je croisai mon lieutenant qui avait grand soif. Il faut dire qu’un nain, même en vacances… Enfin, surtout en vacances, à toujours envie de bière. Et le manant qui tenait la buvette de la plage, en plus de fixer des prix exorbitants, refusaient de nous en vendre. Soi-disant qu’on pourrait devenir violents. Violents, nous ?! On lui a montré à cette petite canaille. Fermant les stores du “bar”, nous y entrâmes pour effectuer un changement de direction, avant de cacher les preuves dans une fosse que nous remplîmes de vidange.

   Quelques bières plus tard, je partis en promenade sur la plage pour tomber sur sir Armandoh, qui s’est auto-proclamé mon “grand-frère”, qui grâce à sa maitrise de la “voie du désaxé” nous livra quelques chansonnettes. Après une discussion animée sur la plage, je rejoignis des personnes de goût et partageais leur sommeil.

   De retour à la buvette, de premiers clients arrivèrent. Les bougres étant de l’ordre, mais de compagnies extérieures à l’Aubegarde, je pris la décision d’appliquer une politique de monopole exemplaire en fixant des prix aberrants sur les produits. Après tout, la direction, c’était nous, maintenant. Devant l’insistance de sir Fusil-de-Bronze pour appliquer des tarifs légèrement inférieurs, au risque de perdre nos clients, je me résignai donc, et fixant tout de même le prix de la carafe d’eau à dix monnaies d’or. Visiblement, les clients s’en contentèrent.

   Plus tard, nous découvrîmes, moi et mon associé de vente, une tour de diffusion sonore où nous jurâmes de venir émettre nos propres émissions de propagande pour l’Aubegarde. Et la soirée repris son cours. Partageant une énième grillade avec sir Akéllios, et désormais le ventre lourd, je décidai d’aller me reposer une fois encore, quand d’étranges choses se mirent à avoir lieux. Pensons notamment à l’étrange et soudaine floraison d’un sol pourtant stérile, irritant visiblement au plus haut point le lieutenant de Nor Laedro !

 

 

   Mais c’est en fin de soirée que des choses réellement perturbantes eurent lieu. J’entends par là la présence d’une patrouille aéroportée de tortue, sillonnant la plage à la recherche de malfaiteurs, ou tout simplement de laitues. Mais également des tours de force du Capitaine, faisant montre de son talent au tout récent mais plein d’avenir “lancer de tronc”, auquel il s’avéra être le meilleur sportif, probablement par le fait qu’il n’en soit encore que l’unique praticien.

   Au sortir de la soirée, un “druide de feu”, de ce que j’ai cru comprendre, nous a même rejoint sur la plage ! Mais comme je le dis si souvent, ce n’est pas parce qu’on veut réduire le monde en cendre que l’on n’a pas le droit d’être coquet. Le bougre utilisant divers objets tous plus ahurissant les uns que les autres, comme une “chaise-champignon géante” ou même un dédoublement, je me félicitai tout de même de ne pas avoir ses cheveux gras et cendrés.

   C’est donc sur un discours et un pari enflammé avec le capitaine que la soirée s’achevât sous les projecteurs, et ce au sens propre du terme. Utilisant la même babiole que le Capitaine, nous nous retrouvâmes par tout hasard tous deux en caleçon devant un généralissime pour le moins surpris.

   Et voici venir la fin du dixième numéro des Livres des souvenirs. Outrepassant peut-être mes droits, je me permets de glisser comme toujours cette note afin de vous remercier de m’avoir lu, et en espérant que la lecture vous fut des plus plaisantes.

   Sur ces mots, je vous donne rendez-vous dans le prochain opus de la série, et il ne me reste plus qu’à vous dire…Au revoir !

   Ragthar Martel-de-Givre