La nuit n’avait pas été reposante malgré le sommeil lourd et sans rêve des soldats de l’Ost Pourpre. S’organiser, survivre, s’occuper l’esprit était une priorité. Augustus Lutgardis avait pris en charge le ravitaillement, se faisant aider d’Akéllios et d’Anaryos qu’il envoya chasser. Solÿn de Malarme avait mis en place des convois d’eau potable dont l’infirmerie -tenue par Merlynn, Claryssa et Lomah de Sangre- avait cruellement besoin. Hadariel Saer s’occupait quant à lui de la sécurité du camp.
La soirée charia une nouvelle vague de réfugiés, attirés par le camp allié de Chutelune : une occasion de croiser de nouvelles têtes et d’en retrouver de familières. Aurys fut ravie de retrouver sire Hägnar et sa bonhommie. Le nain était accompagné d’un cortège de nouveaux venus : Dareon le fier draenei, Dorsator, le gilnéen au manteau de feuilles, Jadie la rouquine forte en gueule, Lirheli la souriante, Thion McGallaway, paladin de son état, ainsi que le mystérieux Prothéus.
Mais la fatigue morale et les blessures n’étaient pas un tribu assez lourd pour ce nouveau monde. Il lui fallait plus : une étrange épidémie se déclara, touchant essentiellement les draeneïs du camp. Elisabelle de Lénault, déjà fortement diminuée, fut prise de bouffées délirantes tandis Lirheli semblait amorphe, frappée d’absences à répétition. Cette fièvre cérébrale inconnue était-elle contagieuse ou pire, mortelle ? Fallait-il attendre l’évolution des symptômes ou trouver un médecin autochtone au plus vite ?
La Connétable Aurys de Nor Laedro, refusant de perdre encore des hommes, prit la décision de déplacer les blessés. Dareon, déjà parti en reconnaissance des lieux avec ses compagnons, avait pu dresser une carte sommaire de la région : Embarii était le village le plus proche. On chargea les malades et les blessés sur une charrette conduite par Thion Mcgallaway et la procession se mit en route.
Dareon mit au service des expatriés tous ses talents de linguiste et de diplomate afin de trouver le bon chemin.
Appuyé d’Augustus et d’Aurys, il obtint la possibilité aux réfugiés de dormir sur place et de se faire soigner par l’un de leurs anachorètes en échange d’une participation aux rondes de veille des gardes de l’endroit.
L’Anachorète n’eut aucune difficulté à diagnostiquer le mal : une tique particulièrement sournoise qui ne s’attaquait qu’à leur race. Les Draeneïs d’Azeroth, dont les systèmes immunitaires n’étaient pas habitués à l’atmosphère de cette Draenor, avaient constitué des proies fragiles pour l’insecte. Une extraction de la bête, un remède et une obligation de repos d’une semaine plus tard, les aventuriers égarés se retrouvèrent autour d’un feu pour déguster un bon repas, cuisiné par Akéllios.
Pour l’heure il fallait dormir, reprendre des forces, car bientôt il faudrait réfléchir à l’après : l’Ost ne pouvait pas se contenter de seulement survivre. Darion manquait toujours à l’appel et il faudrait tôt ou tard partir à sa recherche. Et puis il faudrait établir un camp, un vrai camp d’or et de pourpre. Quant aux autres survivants, ils avaient sans doute leurs propres projets à mener. Retrouver le reste de l’Alliance, peut-être ?
Car une chose était certaine : les survivants ne pourraient compter que sur eux-mêmes.