Ne vous précipitez pas. J’ai une idée.
C’est par ces mots intrigants que Protheus retient les soldats, déjà prêts à se lancer à la poursuite du clan Ombrelune en un assaut désespéré pour faire gagner du temps au camp de Chutelune. L’initiative du magicien est accueillie avec circonspection : personne ne le connaît vraiment, dans le groupe, et tant sa façon de parler que ses manières étranges le mettent souvent à l’écart des survivants.
Mais perdus pour perdus…
L’annonce du magicien fait l’effet d’une bombe : depuis son arrivée à Embaari, il a préparé un sortilège permettant de retourner à Chutelune. Une téléportation de masse ! Mais pour ce faire, il a besoin de l’aide d’autres manipulateurs des arcanes, et surtout d’un lieu où se réunissent les veines telluriques de la région.
La proposition a de quoi surprendre, mais face à l’absence d’alternatives, chacun doit se résoudre à se mettre entre les mains de cette solution désespérée.
C’est ainsi que le groupe quitte Embaari, à la suite du magicien, pour rejoindre ce fameux lieu propice au déploiement du sortilège.
– « C’est ici. Vous le sentez, vous aussi ? »
– « On vous croit sur parole, magicien. Procédez vite : Chutelune est menacé ! »
Protheus prend ainsi la direction des opérations : Lomah, Midyle, Lutgardis et Claryssa sont mis à contribution pour le soutenir dans l’effort incommensurable qui sera le sien pour lancer le sortilège. Et le reste du groupe, un peu inquiet, se rassemble au milieu des cinq branches du pentagramme.
Dans les plaines d’Embaari, une magie étrange se met en œuvre, inconnue des autochtones. Et, en quelques instants, l’ensemble des survivants disparait. Pour atterrir…
Quelques dizaines de lieues plus loin, à Chutelune !
Chutelune ! Au fond d’eux-mêmes, bien peu de natifs d’Azeroth croyaient qu’ils arriveraient au bon endroit, entiers… et avant même l’arrivée du clan Ombrelune ! C’est forcément la panique dans le camp, dont les occupants voient brusquement apparaître autant des leurs. Mais il n’est pas temps de discuter : chacun doit se préparer !
Le camp s’organise ! Qu’ils soient blessés, épuisés ou en pleine possession de leurs moyens, les soldats retrouvent leurs habitudes et s’arment de nouveau. Non plus pour forcer un passage ou arracher l’un des leurs des griffes de l’ennemi, mais tout simplement pour sauver ce qui peut encore l’être de l’expédition de l’Alliance en Draenor !
Soudain, alors que chacun en est encore à se préparer, l’air commence à se charger d’une ambiance pesante, lourde, presque écrasante. Le ciel lui-même affiche un visage inquiétant, comme s’il adressait un ultime avertissement aux Azerothiens : le clan Ombrelune est sur eux !
Mais les orcs du clan Ombrelune n’usent pas, comme le reste de la Horde de Fer, de haches ou de canons pour abattre ses adversaires. Non, il utilise des moyens plus horribles encore, plus traumatisants, plus encore lorsque, comme nombre de soldats présents ce jour, on a connu la Troisième Guerre et les horreurs du Fléau : des morts-vivants envahissent Chutelune !
Le premier assaut est repoussé, et déjà l’infirmerie tourne à plein régime : Nalwyn, le brave nain, fait le premier les frais de son audace en se retrouvant sous les ciseaux de Solÿn et Lomah, en charge des soins apportés aux blessés ce soir.
Si la première attaque a été repoussée sans trop de peine, c’est tout simplement que l’assaut était une diversion ! C’est sur la porte latérale que les orcs ont décidé de faire peser l’essentiel de leurs efforts ! De titanesques sphères de vide s’abattent sur le bois, qui explose sous l’impact de ces énergies issues du Néant Distordu. Une brèche est ouverte, les orcs sont dans le camp !
Les défenseurs de Chutelune se rassemblent pour un ultime effort : contenir les orcs !
Alors que la bataille commence à tourner en faveur des Azerothiens, dont la motivation est supérieure à celle de leurs ennemis en ce qu’ils ne peuvent plus reculer, un cor retentit depuis les collines voisines : les chefs de l’assaut montrent enfin leurs visages ! Et ils ne sont pas satisfaits de la tournure des évènements : une telle déconvenue ne pourrait que signifier la perte de leur tête s’ils devaient rentrer vivants. Alors autant faire ce que les orcs savent le mieux faire : mourir avec panache !
L’ultime assaut tenté par les officiers orcs manque de peu d’emporter la décision, car la fatigue et les blessures s’accumulent chez les défenseurs. Mais bien vite, c’est le nombre qui finit par jouer, et le dernier orc se retrouve seul à braver les lames des Azerothiens. Ce qui ne l’empêche pas de se battre avec honneur !
Même seul contre tous, l’orc ne lâche rien, conscient que son honneur ne saurait être entaché s’il tombe ainsi !
Après un combat acharné, l’officier de la Horde de Fer est finalement mis à la raison. Comble du déshonneur, il est pris vivant, lui qui aurait sans doute préféré faire le sacrifice suprême et tomber au milieu de tant des siens. La victoire est totale pour les défenseurs de Chutelune !
Alors que les ouvriers se mobilisent pour réparer le camp mis à mal par l’assaut du clan Ombrelune, l’infirmerie se remplit, jusqu’à craquer sous le nombre ahurissant de blessés. Les infirmiers et médecins ne savent plus où donner de la tête : si certains soldats n’ont que des blessures superficielles, d’autres, comme Grita, risquent de ne pas passer la nuit…
Au terme d’une soirée riche en rebondissements, Solÿn de Malarme vient présenter son bilan à la Connétable : presque tous les blessés sont tirés d’affaire, mais d’autres ont subi des dégâts importants. Il sera nécessaire de prendre du temps avant de repartir à l’aventure. Beaucoup de temps…
Mais Chutelune est sauvée !